L'oeuvre d'art
Apprendre désigne l’acte par lequel on assimile des savoirs et des savoir-faire. La biologie nous apprend la structure de la cellule vivante, la technique nous apprend la structure des instruments et leur utilisation. L’œuvre d’art semble en comparaison bien inutile. Une nature morte ne nous apprend rien sur la saveur des fruits qui sont représentés sur tableau. L’œuvre d’art nous laisserait-elle dans l’ignorance des choses ?
La question engage les conceptions que l’on se fait de l’art : soit l’art est une simple copie de la nature, soit une expression de la subjectivité de l’artiste, soit une manifestation de l’être des choses et de l’homme.
L’antiquité et le classicisme concevaient l’art comme une représentation de belles choses que la nature donnait à voir. L’œuvre d’art apprenait alors les canons d’une certaine conception de la beauté.
Sans aller chercher dans l’Antiquité, l’expérience la plus commune de l’art est celle d’un peintre reproduisant un paysage. Il semble évident que ce dernier ne fait que reproduire le spectacle qui s’offre à ses yeux. Le géologue pourra nous apprendre la structure de la roche, nous expliquer la cause des plissements du terrain, les effets de l’érosion. Ainsi la science nous apprend des connaissances sur la nature et l’histoire du terrain. Le peintre ne s’attache pas à ces connaissances, il porte son attention sur l’apparence du spectacle : les couleurs, les ombres et les lumières, les surfaces plus ou moins grandes. Cette apparence des choses nous trompe, nous dit Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide., elle détourne le regard de l’essence des choses qui n’est pas sensible mais intelligible.
Les choses matérielles sont soumis à la dégradation et à la disparition, elles n’ont pas pleinement l’être. Seule l’Idée de la chose, accessible par la seule intelligence, est éternelle et immuable. Le philosophie, à travers une initiation, peut accéder à cette vérité.