L'ultime lecon
a) L'obscurité
Cette leçon qui en réalité est la première est la communion artistique de deux virtuoses de la viole recherchant le sens intrinsèque de la musique. La séquence est fidèle au roman, reprenant la gestuelle et les paroles. Elle précède l'épilogue durant lequel apparait Sainte Colombe à Marais. Elle débute au moment où Marais gravit les marches de la cabane cependant qu'il espionnait son maitre, comme chaque nuit, depuis « trois ans » (p. 109). Les scènes sont sombres, seule la lumière de la bougie amène une faible clarté. Cette obscurité suppose le peu de vie restant au janséniste, et elle ne dévoile que l'utile : les instruments, les visages, les objets. Tout le reste est ombre car vanité ou mystère.
b) Union des deux violistes
Surtout, le dévoilement de l'image, la lenteur du montage réalisé en champ-contrechamp, mettent en lumière certes la chandelle sur la table, mais surtout la symétrie – dont la chandelle est l'axe – entre les deux musiciens, unis. Sainte Colombe et Marais sont sur un pied d'égalité. La fluidité des dialogues, du son, des gestes montre l'harmonie dans la poésie de cette séquence en toute fidélité avec le texte quignardien. Lorsque Sainte Colombe prend les mains de son élève et lui annonce qu'il compte lui transmettre quelques arias capables de « réveiller les morts », ces mêmes mains, symboliquement, couvrent la flamme, assombrissent la pièce, évoquant le voyage vers l'au-delà souvent représenté en peinture par une chandelle allumée sur un fond sombre. Alors, avant que ne débute la transmission des arias, et afin de préparer cet instant magique permettant la rencontre avec les morts, les deux violistes descendent dans la cave à vin, prennent des gaufrettes, puis dépoussièrent la viole, tel un rituel.
Ainsi, dans la pénombre de la cabane du janséniste, dans cette vallée de la Bièvre, l'union des deux jansénistes se fait, et dans une parfaite fidélité avec le roman. La transmission des