L'élargissement du monde
Le réalisateur, épaulé de sa scénariste Natalie Carter, a pris soin d'éviter toute complaisance excessive. Il s'agissait de ne pas sombrer dans un pittoresque fade et superficiel. De ne pas détourner le spectateur de ses émotions. En architecte de la pellicule, Claude Miller joue avec les temporalités et construit son film sur un va-et-vient incessant entre passé et présent. Comme pour mieux suggérer la douleur de ce souvenir enfoui au plus profond de chacun des protagonistes et dont les contours, puis les détails apparaissent peu à peu. Mais encore une fois, Claude Miller prend tout son monde à contre-pied : pour le passé, il choisit la couleur. Le noir et blanc pour le présent. Les regards et les pensées s'entremêlent, voir s'entrechoquent. Au final, se tissent deux histoires séparées par le temps mais, plus encore, par le poids du mensonge et de la dissimulation d'une judaïté que l'histoire a rendu honteuse. La vérité les fera finalement se rejoindre