L'état
Le sujet suppose que l'Etat possède des "fonctions" (ce qu'il faut démontrer), et d'autre part que ces fonctions peuvent être hiérarchisées.
Cette question possède aussi un enjeu essentiel : la hiérarchie des fonctions de l'Etat implique une autorégulation de l'Etat ; un renversement de la hiérarchie de ses fonctions implique une perversion de l'Etat (par exemple : l'Etat policier, où la fonction de maintien de la paix deviendrait une fin en soi)
A - L'ETAT COMME ORGANISME FINALISE
Il convient de commencer par établir l'existence de "fonctions" dans l'Etat.
Le terme de "fonctions" renvoie au vocabulaire de la biologie. La fonction est la fin de l'organe, ce "pour quoi" il travaille.
Or, cette analogie paraît convenir dans le cas de l'Etat : l'Etat est un système complexe de fonctions, hiérarchisées entre elles. Kant, dans la Critique de la Faculté de Juger, privilégie d'ailleurs cette analogie. L'Etat conforme à son essence est analogue à un corps vivant, l'Etat despotique au contraire est semblable à une machine. Cette analogie est d'ailleurs déjà présente chez Aristote ( La Politique ).
Mais cette analogie a des limites. Le corps organisé "fonctionne" toujours de la même façon, selon une détermination naturelle (biologique).
L'Etat, quant à lui, est un produit "culturel", c'est-à-dire l'objet de décisions humaines, de conventions.
Par là même, le mode de fonctionnement de l'Etat est susceptible de remises en cause, de renversements, de perversions, de confiscations.
La question se pose donc de façon pratique : quelle doit être la fonction première de l'Etat ?
B - L'ETAT COMME PRODUIT DU CONTRAT SOCIAL
Les théories contractualistes, à partir du 17ème siècle, tentent de dégager la vérité de l'Etat en décrivant sa genèse idéale.
Il apparaît alors que l'Etat, créateur de contraintes et de règles pour les citoyens, n'est pas constitué, comme le pensaient Aristote et les théoriciens du droit divin, selon la