L'éthique aussi doit se mondialiser
Je voudrais tout d'abord féliciter Le Devoir pour ses deux articles sur l'éthique parus dans les éditions du 2 et du 3 août 2008 (dossier sur le sida intitulé «Loin des yeux, loin de l'éthique», aux pages A-1 et A-5). Il est rare que des quotidiens abordent de telles questions qui sont pourtant si importantes à l'heure actuelle, où les avancées scientifiques dans plusieurs domaines, comme la génétique, les nanosciences, la protéomique ou encore l'utilisation des cellules souches, promettent des diagnostics et des traitements qui pourront guérir les maladies qui affectent les populations du globe aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents et en développement. Mais ces progrès scientifiques ne sont pas, particulièrement dans un contexte de mondialisation, sans soulever des questions importantes comme la collecte, la conservation et la circulation des données et des échantillons ou encore des questions liées à la participation et à l'implication des pays pauvres. C'est cette dernière problématique qui est abordée dans les articles publiés dans votre journal et que je voudrais aussi aborder dans cet article afin de fournir un complément d'information.
La journaliste Lisa-Marie Gervais souligne fort justement les questions éthiques (les traitements, l'utilisation de placebos, le consentement, le suivi médical) soulevées par la délocalisation des essais cliniques dans les pays pauvres. Les questions de délocalisation dans les pays pauvres due à des coûts moindres sont souvent abordées, mais celles de la délocalisation des essais cliniques ou de l'utilisation des échantillons ou des données en provenance de ces pays ne le sont pas fréquemment alors qu'elles sont tout aussi importantes.
Des efforts considérables sont actuellement faits par des organisations internationales comme l'UNESCO, par l'entremise de son Comité international de bioéthique et l'Organisation mondiale de la santé, afin de conscientiser