L'étranger
I. La révolte de Meursault
Meursault a toujours fait preuve d'impassibilité, là, dès le premier paragraphe, la colère l'a envahit sans qu'il ne sache réellement pourquoi « alors, je ne sais pas pourquoi, il y a quelque chose qui a crevé en moi ». On remarque le champ lexical de la colère qui peint l'atmosphère dans la cellule, citons « je me suis mis à crier à plein le gosier », « je l'ai insulté », « pris par le collet », « je déversais sur lui tout le fond de mon cour avec des bondissement mêlés de joie et de colère », un peu plus loin nous avons « j'étouffais en criant tout ceci ». Pis encore, il y a ce manque de respect, cette violence sans pitié pour cet envoyé de dieu qui tente de discuter « il n'était sûr d'être en vie puisqu'il vivait comme un mort » (ligne 11), ici, nous sommes en présence de la pensée athée que nous développerons un peu plus loin.
A partir de la ligne 11, il y a cette réaffirmation de soi dans le fil conducteur de ce long monologue qui marque d'une certaine façon l'apogée du texte. C'est le début d'une remise en question qui sera marquée entre autres par des phrases de types oratoires et des « flash-back ». La colère de Meursault se traduit également par une colère physique, nous citons « moi j'avais l'air d'avoir les mains vides » (l.11 et 12), nous remarquons que c'est une façon tacite de faire allusion au poids de l'aumônier qui importe peu dans un cas d'extrême colère. Auparavant, Meursault ne prenait pas beaucoup de recul, il ne faisait pas d'allusion à l'avenir, preuve de cette stabilité de pensée, il est retranché de la vie, il sort du corset du temps « sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir » (l.14). A partir de la ligne 17, outre les répétitions du verbe « avoir » à la première personne du singulier de l'imparfait, c'est-à-dire 7 occurrences à chaque début de phrases. Meursault n'écoute que lui, seules ses convictions sont vraies. Il se suffit à lui-même «