L'amitié peut-elle résister aux différences
L’ami retrouvé de Fred UHLMAN parle d’une amitié entre un Juif et un futur nazi. L’histoire se passe dans la ville de Stuttgart. Hans Schwartz est un fils unique d’un médecin juif. Il va se lier d’amitié avec Conrad VON HOHENFELS, descendant d’une grande famille aristocratique renommée. Leur forte et franche amitié a duré un certain temps, mais la montée du nazisme a tout bouleversé. Les deux amis ont été séparés. Hans a été envoyé aux Etats-Unis par ses parents pour le protéger. De là il rompt avec son passé et s’efforce de tout oublier. Cela nous amène à nous demander si l’amitié peut résister aux différences. Après avoir essayé de définir ce qu’est l’amitié nous verrons d’abord comment en effet les différences peuvent être un frein à l’amitié, puis à contrario nous nous efforcerons d’exposer les conditions qui rendent possible l’amitié.
L’amitié est un sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur les liens du sang ni sur l’attrait sexuel. Aristote définit l’amitié comme une « bienveillance réciproque » et Jean-Jacques Rousseau précise : « L’attachement peut se passer de retour, jamais l’amitié. Elle est un échange, un contrat comme les autres ; mais elle est le plus saint de tous ». L’idée de réciprocité semble donc fondamentale. La fable de Antoine-Vincent Arnault, L’huitre et le marsouin illustre bien cela : A l’huitre toute fière d’être solidement attachée aux rochers :
« Ce roc me défendra des flots :
Nous ne faisons qu’un ; je défie
Au trident de nous séparer ;
Je défie au temps d’altérer
La tendre amitié qui nous lie », le marsouin la reprend et lui rétorque :
« Je dis : - Crains le flot qui s’approche ;
Bien que tu tiennes à la roche,
La roche ne tient pas à toi».