L'amour rend t-il aveugle ?
La sagesse des nations dit que l’amour rend aveugle. Pour qui observe une personne amoureuse d’un point de vue extérieur bien souvent, en effet, il semble que l’amour fasse perdre la raison : les sentiments sont mal dirigés, celui qui aime ne perçoit plus les situations de manière cohérente ou bien s’engage dans des choix déraisonnables ; la littérature regorge d’ailleurs de personnages qui perdent tout sens critique du fait de leur amour. Mais est-ce bien l’amour qui provoque cet aveuglement ? Ne dit-on-pas d’une belle histoire d’amour qu’elle illumine notre existence ? Qu’à deux on est plus fort ? Comment donc expliquer cette ambivalence ? Est-ce un même sentiment qui peut nous conduire à l’aveuglement ou bien à la lucidité ? Si oui, cette ambivalence est-elle constitutive du sentiment amoureux ?
Avant de chercher une réponse à ces questions nous devons d’abord définir ce qu’est l’amour en lui-même ? Qu’y a-t-il de commun entre l’amour de la patrie, l’amour d’une mère pour ses enfants ou l’amour de Des Grieux pour Manon Lescaut ? Nous étudierons ensuite divers aspects du sentiment amoureux afin de déterminer dans quelle mesure ils sont compatibles avec la lucidité ?
I. L’élection de quelqu’un
Disposition favorable de l’effectivité à l’égard de ce qui est bon.
La volonté tient peu de place dans l’amour car nous ne décidons pas d’aimer quelqu’un et le plus souvent l’amour s’impose à nous. Ex : l’amour familial.
Mais il y a aussi l’amour pour une entité qui s’impose également. Ex : la patrie.
Et il y a aussi l’amour biologique, qui est tout aussi incontrôlable. Ex : j’aime une personne.
L’amour à l’égard d’autrui, d’un groupe, d’un ensemble peut être voulu mais également imposé. Notre apathie n’est pas sous notre contrôle. Ex : la charité ; qui est une reconnaissance de l’autre.
Le terme « amour » est bancal car on désigne un désir charnel et une transcendance moral, le particulier universel, vouloir du bien à quelqu’un et chercher