l'amour
Ta voix a la langueur des lyres lesbiennes,
L’anxiété des chants et des odes saphiques,
Et tu sais le secret d’accablantes musiques
Où pleure le soupir d’unions anciennes.
Les Aèdes fervents et les Musiciennes
T’enseignèrent l’ampleur des strophes érotiques
Qui versent dans la nuit leurs ardentes suppliques,
Ton âme a recueilli les nudités païennes.
Tu sembles écouter l’écho des harmonies ;
Bleus de ce bleu divin des clartés infinies,
Tes yeux ont le reflet du ciel de Mitylène.
Les fleurs ont parfumé tes étranges mains creuses ;
De ton corps monte, ainsi qu’une légère haleine,
La blanche volupté des vierges amoureuses.
Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902
Oh là là!
La dame presque parfaite, est faite de perles énormes, et de lignes sophistiquées, et de mots économes.
Elle se balance sur ses hanches de cuir, et sobrement polit ses bouts de doigts, sans renverser une seule goutte de son gobelet de champagne blanc.
La dame presque parfaite, a une frange droite comme il faut, elle pratique une danse de soie autour de gens transparents.
Dans ses étoffes bien coordonnées elle est raide d’ambition, et son regard isolé trahit une larme épuisée.
La dame presque parfaite et ‘tout comme il le faut’, pourtant, et ‘Oh là là’, dans son sac à main, tout ce qui lui appartient !
Et oui la dame presque parfaite, aux mouchoirs mouillés, et aux verres de bleuets, avec du mascara épais et une peau dorée.
A l’intérieur de son sac à main,
Son royaume secret en rouge brillant, une vie détériorée et presque vide,
‘Oh là là !‘ elle regarde ses vers inachevés.
Chloe Douglas, 2009
La beauté
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;
J’unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;
Je hais le mouvement qui déplace les