L argent
L’argent exercerait en effet une influence insidieuse sur nous. Sournois, il nous pousserait à faire quantité de choses regrettables. La personnification de l’argent souligne alors que c’est nous-mêmes qui sommes personnellement en cause. Le souci de l’argent est à ce titre une forme particulièrement remarquable de souci de l’avoir et de souci de l’apparence, ce qui s’oppose au souci de soi. Dans un contexte plus religieux que philosophique, le proverbe conserve ce premier sens – l’argent doit rester un moyen et ne pas devenir une fin en soi–, et s’adjoint des règles de vie : pratiquer la charité, l’aumône. Le proverbe renvoie presque directement à la mise en garde de l’Evangile selon Matthieu (VI, 33, verset 24) : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent ».
D’autre part, il est possible de remarquer la construction symétrique. L’argent est comme Janus. Il possible deux visages. Cette dualité serait l’idée que l’argent est un outil à double tranchant : il permet aux personnes sages et raisonnables de réaliser leurs désirs sages et raisonnables, mais il peut aussi permettre de réaliser faire triompher des désirs fous et déraisonnables. Pour rester fidèle à la mise en garde morale, un autre balancement est possible, mépriser ceux qui aiment l’argent et aimer ceux qui le méprisent.
Le proverbe rejoint alors le mot de Montesquieu, « L’argent est très estimable, quand on le méprise. » Mes pensées. Un autre mot, de Tolstoï, est aussi à considérer, un peu plus proche du proverbe français : « L’argent ne représente qu’une nouvelle forme d’esclavage impersonnel à la place de l’ancien esclavage personnel », L’argent. Répertorié en français au XVIIIème s., cet