Depuis quelques jours, je ne rencontre que des personnes qui parlent d'argent. C'est le seul prisme de leur existence, leur seule motivation, leur seule valeur. Je me retrouve parfois désarçonné par temps de vide et surtout par la certitude qu'ils ont que tout le monde ne peut penser que comme cela. Toute action humaine est jugée selon leur seule grille d'identification monolithique, l'argent. Un acte gratuit, la volonté d'aider l'autre, de partager leurs semble totalement étranger et même louche, cela cache une volonté de faire de l'argent, c'est forcé il y a un truc. Même les actes les plus anodins sont source de méfiance, aider une personne âgée à porter ses sacs trop lourds (je dois les rassurer, je ne vais pas m'enfuir avec leurs courses), tenir la porte à une personne pour la laisser entrer... Les gens sont sur la défensives, méfiants... les valeurs que j'ai reçu par mon éducation forte classique n'ont plus court ou elles sont perçues comme une duperie (vais je abuser de la personne âgée sans défense ?, si je tiens la porte c'est que je veux draguer la fille...). J'avais reçu des valeurs qui n'ont plus courts, aider l'autre était la plus belle récompense, où est passé l'esprit chevaleresque, l'honneur, la dignité ?
J'avais déjà rencontré ce style d'incompréhension quand par exemple j'avais quitté mon poste de formateur informatique au siège social de Renault (j'ai pu former personnellement tous les cadres dirigeants de l'époque, de Louis Schweitzer à Carlos Goshn alors numéro 2, j'étais leur formateur personnel, je rentrais dans leur bureau directement alors que les sous directeurs devaient patienter dans la salle d'attente (façon de bien réaffirmer la hiérarchie ce qui me valait une "aura" au siège social (ridicule)), bref un poste en or, protégé, très lucratif. Cela ne m'a pas empêché de démissionner, pour gagner deux fois moins en travaillant comme professeur d'histoire en ZEP dans le 93, je potassais le capes et l'agrégation en candidat libre après mes