l'ecole des femmes
"Contrairement à un préjugé fort répandu et dont la source est l'école, le théâtre n'est pas un genre littéraire. Il est une pratique scénique." Anne Ubersfeld
Comment une telle accusation pouvait-elle ne pas provoquer, chez la jeune enseignante que je suis, un sursaut d'indignation et le désir de me pencher sur ce problème de l'étude d'un texte théâtral en classe de seconde pour mettre à jour les questions que cela ferait naître ?
Intention d'autant plus facile à mettre en oeuvre que l'époque au programme de français en classe de seconde accorde une large place aux oeuvres théâtrales.
Mais s'agit-il d'aborder un texte de théâtre exactement de la même façon qu'on peut appréhender une fiction romanesque - même si certaines conventions sont semblables - à l'intérieur d'une rubrique "lectures suivies et dirigées" ? Il est certain que la tentation est grande de vouloir faire apprécier aux élèves la vertu littéraire des oeuvres de nos Molière, Corneille, Racine.
Or, il n'est de théâtre qu'au sein d'une réalité vivante dont la finalité réside dans la représentation scénique.
Il est remarquable que les pièces de Molière soient au programme d'enseignement des collèges et des lycées (une par année). Cependant, depuis près de cent ans, la conception et la pratique de ce théâtre sont en perpétuelle évolution, ce qui engendre forcément de nouvelles lectures, de nouvelles propositions de mises en scène dont les auteurs (Jouvet, Vilar,
Planchon, Vitez, Mnouchkine) ont acquis une notoriété indéniable et qui resituent le problème autour du rapport entre le texte et sa représentation.
L'enseignement du français est-il si détaché du contexte historique, qui le conditionne pourtant, qu'il n'introduise pas ses réflexions au coeur de sa pratique ? La lecture des Instructions Officielles manifeste l'intérêt porté au texte théâtral et à ce qui lui est propre. Ainsi dans la partie consacrée à la lecture méthodique, il est déclaré : "Dans le