L'EXILE
" L’exilé est un mort sans tombeau ". Publius Syrus
" L’exil est une espèce de longue insomnie ". Victor Hugo
Il prit le trousseau de clés dans la poche de la veste, ouvrit la porte de son logement, y pénétra et referma derrière lui. Il se dirigea d’un pas nonchalant vers la pièce qui lui servait en même temps de "réception" et de "bureau". il prit place comme à son habitude, sur une banquette, la tête entre les mains penchée en avant, attendant je ne sais quoi qui allait le délivrer de son carcan, de sa douce et intraitable compagne, la solitude. Il aurait voulu, bien sûr, ne pas se retrouver dans cette situation d’extrême abandon, avoir quelqu’un à qui parler, à qui raconter tout ce qu’il ressentait au lieu des quatre murs qui lui servaient de pièce. De temps en temps, il relevait la tête comme pour regarder une personne que lui seul voyait, marmonnait quelque chose d’inintelligible pour retomber ensuite dans un silence total. Il se tenait immobile dans cette chambre vide qui respectait son mutisme, sa reddition. Il ne pouvait en être autrement. Il était ce combattant à court de munitions qui, ne pouvant continuer le combat, obtempérait aux sommations de son ennemi. Il était devant le fait accompli et ça lui faisait mal, terriblement mal. Ne pouvant supporter longtemps cette situation qu’il jugeait injuste, il cria haut son mécontentement et écrasa une larme au coin de l’œil. Alors il se leva, faisant mine de suivre cet inconnu que "lui seul voyait", se dirigea vers la sortie mais très vite il se reprit, fit demi-tour et revint à la place qu’il occupait, à la posture qu’il affectionnait. On aurait dit une marionnette que le montreur manipulait pour