l'homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton cœur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes, Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Le poème de Baudelaire, « L’Homme et la Mer », montre la lutte de l’homme et de la mer en une lutte anthropomorphique (qui attribue à un être vivant ou à une chose des caractéristiques humaines, le représente ou considèré comme un humain). La mer devient un personnage qui se bat contre l’homme sur les mêmes plans physique et psychologique. L’élément naturel est l’égal de l’homme.
Analyse :
Première strophe :
Le poète affirme l’amour de l’être humain pour la mer. Le poème est marqué par la récurrence de « tu ». Au vers 2, la métaphore du miroir établit l’existence d’une ressemblance entre la mer et l’âme de l'être humain. (Pouvant rapporter au narcissisme). Dans les vers 3 et 4, l’être humain se reconnaît à la fois dans la surface mouvementée et la profondeur de la mer. Cette profondeur peut être assimilée à celle de l’esprit humain, désignée par un « gouffre » joint à « amer ».
Deuxième strophe :
Le poète développe la suggestion d’une contemplation narcissique. Au vers 6, Baudelaire joue sur les sens, «embrasser des yeux» et «prendre et serrer dans ses bras», ce qui en fait est impossible de prendre entre ses bras