l'humanisme

328 mots 2 pages
« Marguerite, où es-tu ? »
Je l'ai retrouvé seule dans le couloir à cogner sa tête contre le mur. Elle chantait des mots au hasard en espérant trouver un rythme, un sens, une phrase qui aurait fait pleurer mes yeux. Quand ma main s'est posée sur son épaule nue, elle a crié à s'en déchirer les poumons. Sa voix était rayée comme un vieux disque oublié, sa puissance s'est brisée à quelques secondes de la fin. C'était une fleur fanée. C'était un ange déchu.
Quand elle me parlait, je ne comprenais jamais. Elle trouvait une certaine satisfaction à déblatérer des choses inutiles pendant des heures. C'était ça, au fond, Marguerite. C'était bien plus qu'une folle au front ensanglanté, aux larmes salées. Elle avait toujours rêvé d'être tout en haut mais à chaque fois qu'elle effleurait le bonheur du bout des doigts, la vie les lui coupait. Et moi, je la retrouvais à se détester dans mon couloir aux murs pourris par la misère.

Pourtant, elle méritait tant, Marguerite. Ses boucles blondes ressemblaient à du blé. Un blé rare comme l'or et à la douce odeur du printemps, des fleurs, de quelques baisers échangés sous le soleil de plomb. Elle avait des prunelles bleues comme le ciel, comme les vagues. Ses joues, bien qu'étonnement maigres, dessinaient parfois des fossettes quand elle prenait le temps de me sourire.
Comment pouvait-on forcer une vieille enfant à tirer un trait sur ses contes de fées, comment pouvait-on briser le cœur d'une innocente ?

Pourquoi personne n'expliquait jamais à ces idiots que les Marguerite, c'était précieux ?
Pourquoi se retrouvait-elle toujours à se moucher dans mes t-shirts troués ?
J'avais pris l'habitude de savoir. Elle rentrait en claquant la porte et tout l'océan de ses yeux c'était fait la malle.

Puis quelques heures après, on entendait retenir un
« Où es-tu, Marguerite ? »

Et chaque fois, elle pleurait son chagrin dans mon couloir, détruisant sa tête pour moins penser aux maux de son cœur.
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