L'oligarchie élémentaire
Car, sans rentrer dans les rhétoriques populistes du « tous pourris », le docteur Cahuzac est loin d’être un cas isolé. Si d'autres ne se trouvent pas forcément en infraction vis à vis de la Loi, leurs petits arrangements avec l'éthique politique la plus élémentaire, entre conflits d'intérêts et sociétés offshore, ne font qu'accroître la défiance des Français à l'égard d'une classe politique corrompue, si n'est dans les faits, par l'argent, sinon dans l'esprit, par le pouvoir. L'ensemble ne fait que révéler l’absence d’éthique de responsabilitéi(et je ne parle même pas de l’éthique de convictionii) de la classe au pouvoir. Or, pour comprendre comment nous en sommes arrivés là, il faut revenir quelque peu en arrière.
En 1945, la France est ruinée et une grande partie de son élite est complètement discréditée d’une part par la débâcle de 1940 et d’autre part par la participation d’une grande partie d’entre elle à la Collaboration. Certes, une nouvelle élite émerge des forces de la Libération (Résistance et France libre) mais elle souffre d’un grand déficit de formation. C’est alors qu’est décidé, notamment sous l’impulsion de Michel Debré, la création de l’école nationale d’administration (ENA). Devant l’urgence de la situation et du fait qu’une partie de la fonction publique s’est compromise avec l’Etat vichyste, il est décidé, contrairement aux usages favorisant la promotion interne, de recruter les élèves de la nouvelle école essentiellement sur concours externe. Pendant des décennies, cela donne d’excellents résultats : la nouvelle bureaucratie d’Etat ainsi créée n’est certainement pas pour rien dans les