L'opinion publique n'existe pas - Bourdieu
Eléments biographiques et œuvres de P. Bourdieu (1930-2002) Né en 1930 dans la campagne béarnaise, Pierre Bourdieu, excellent élève, rejoint à ce titre l’Ecole Normale Supérieure en 1951 où il est agrégé de philosophie en 1954. C’est au gré d’un voyage en Algérie en 1955, pour effectuer son service militaire, que Bourdieu débute son travail de sociologue. Des travaux découleront de cette expérience directe de la guerre et de la société algérienne, notamment un « Que sais-je ? » sur la sociologie de l’Algérie publié en 1958. Entre le déracinement dû à la modernisation et à la guerre, et, l’aliénation en rapport avec la situation coloniale, Bourdieu s’appuie sur des concepts qui le placent au rang de décolonisateur et le définissent comme un libéral.
De retour à Paris dans les années 1960, il devient le secrétaire général du centre européen de sociologie dirigé par Raymond Aron. C’est durant ces années ci que Bourdieu publie des œuvres qui, comme les Héritiers, marqueront son ascension médiatique. Premier ouvrage sur la sociologie de l’éducation, et co-écrit avec Claude Passeron, il évoque pour la première fois une corrélation entre les habitudes culturelles d’un milieu d’origine et les résultats scolaires, inégaux, des individus de ces mêmes milieux sociaux. Au printemps 1970, il publie La Reproduction, condensé de tous ses travaux sur la sociologie de l’éducation mais également lien avec la radicalisation de la société française post 1968. La dénonciation du monopole de l’Etat sur la violence physique, accompagne celle du monopole de l’école, monopole de la violence symbolique. Il définit alors tous ses concepts comme le capital ou l’habitus, que nous définirons dans un second temps. Il montre surtout la prégnance de la société sur les comportements qui sont vus comme individuels ou naturels. La domination des élites se justifie par des écarts de talents, qui ne sont en fait que des inégalités