L a question de l’Homme dans les genres de l’argu- mentation, du XVIe siècle à nos jours
1- Ces textes argumentatifs de siècles pourtant différents, traduisent tous la même volonté de se questionner sur le rapport à l'Autre qui est ici l'Homme.
En effet, nous pouvons constater que dans le premier texte, un extrait de l'œuvre du XVIIème siècle de Cyrano de Bergerac intitulée, les états et empires du Soleil, l'espèce humaine en général est confronté à une autre espèce, les oiseaux. Ces derniers se questionnent effectivement à propos de l'Homme à travers un procès mené contre lui. Ils se demandent si le chasseur dont il est question dans le texte est bien un homme et s'il faut le sanctionner pour cela : « Le nœuds de l'affaire consiste à savoir si cet animal est homme et puis en cas que nous avérions qu'il le soit, si pour cela il mérite la mort. ». La description de l'Homme lors du plaidoyer traduit un sentiment d'incompréhension et d'horreur à son égard : « Premièrement, par un sentiment d'horreur dont nous nous sommes tous sentis à sa vue sans en pouvoir dire la cause, (?)Septièmement et pour conclusion, en ce qu'il lève en haut tous les matins ses yeux, son nez et son large bec, colle ses mains ouvertes la pointe au ciel, plat contre plat, et n'en fait qu'une attachée, comme s'il s'ennuyait d'en avoir deux libres. » Il fait aussi référence au sentiment de supériorité que l'Homme ressent vis-à-vis de toutes autres espèces.
Ce sentiment est aussi très présent dans le deuxième texte du corpus écrit par Denis Diderot au XVIIIème siècle qui est un extrait de Supplément au voyage de Bougainville. Un vieil homme tahitien s'adresse à son peuple pour leur avertir d'un grand malheur arrivant sur leur contrée. Le malheur dont il est question est l'homme européen : « pleurez mais que ce soit de l'arrivée et no du départ de ces hommes ambitieux et méchants. » En effet, le vieillard prévoit que Bougainville et ses hommes reviennent sur leurs terres et qu'ils prennent pour acquis ce pays qui leur appartient et corrompt les tahitiens par leurs vils