L´eau est plus qu´un élément
Substance mythologique - l’eau avec l’air, la terre et le feu- fait partie de la théorie des quatre éléments primordiaux qui décrivirent d’une façon traditionnelle le monde. Ce liquide- tantôt clair, de source, courant, stagnant, frais, salé et réfléchissant, profond ou orageux, exerce la fascination profonde sur notre imagination. Elle devient symbole par excellence, ce qui peut expliquer Charles Mauron en ces termes : « Quand un objet nous touche sans que nous sachions pourquoi, quand nous y tenons sans trop deviner par quels liens, quand nous le sentons significatif et présent, car il faut toujours en revenir au même mot, c’est qu’il est devenu symbole. »[1] Cependant le pouvoir de l’élément aquatique est beaucoup plus vaste. Car l’eau sous tant de formes - l’océan, le fleuve, la source, la fontaine, la pièce d’eau - qui condense des émotions diverses, qui impose un charme, un style particulier, est pour nous plus qu’un élément : une présence. Que pourrions-nous donc prendre pour une présence derrière cet élément ? Qu’est-ce que se cache derrière l’imagination de l’eau ?
Premièrement, c’est l’image des eaux claires, brillantes qui donne la vie aux images fugitives et faciles matérialisant le mal. Ce sont les images superficielles qui ne laissent pas à l’esprit imaginant le temps pour travailler la matière et qui après une contemplation profonde deviennent « un organe du monde, un aliment des phénomènes coulants, l’élément végétant, l’élément lustrant. »[2] Soulignons que l’imagination n’est pas, comme le souligne étymologie, une faculté permettant de créer les images de la réalité, mais par contre c’est une faculté produisant les images dépassant la réalité qu’elle chante en quelque sorte.
Ensuite, ce sont les eaux profondes, dormantes, les eaux mortes. Il est question de l’eau lourde qui apporte en même temps un type de syntaxe des choses mourantes en groupant les images dissolvant les