L'économie sociale et solidaire, un modèle ?
Alternatives Economiques n° 310 - février 2012
Philippe Frémeaux
L'économie sociale et solidaire est une alternative au capitalisme actionnarial. Elle n'en doit pas moins rénover ses pratiques et adopter un management plus participatif.
Les organisations de l'économie sociale et solidaire - associations, coopératives et mutuelles - offrent-elles un modèle susceptible de se substituer à la corporate governance ?
Dans un moment où les excès du capitalisme actionnarial font émerger le besoin d'une meilleure prise en compte des intérêts des différentes parties prenantes à la vie des entreprises (salariés, collectivités locales, etc.), beaucoup se tournent vers l'économie sociale et solidaire (ESS) pour trouver une réponse : les organisations de l'ESS n'ont en effet pas pour objectif de maximiser leur résultat mais, au contraire, de répondre aux besoins de leurs adhérents, associés ou sociétaires, et leur gouvernance se veut démocratique. Néanmoins ces structures ne prennent pas toujours en compte, elles non plus, les intérêts de l'ensemble des parties prenantes. De plus, de la théorie à la pratique, le chemin est parfois tortueux et l'ESS doit aussi faire un sérieux travail sur elle-même pour devenir exemplaire en matière de démocratie.
Scop : le pouvoir aux salariés
Tout d'abord, les salariés ne détiennent le pouvoir qu'au sein d'une seule catégorie de structures de l'ESS : les
Scop, sociétés coopératives et participatives qui rassemblent 40 000 personnes sur les deux millions de salariés employés dans l'ESS.
Les Scop constituent une réelle alternative aux sociétés de capitaux : les salariés-associés apportent les fonds nécessaires au fonctionnement de l'entreprise et ils élisent ses dirigeants sur la base du principe " une personne, une voix ". Les réserves accumulées ne peuvent pas être partagées entre les actionnaires et sont obligatoirement mises au service du projet collectif. Aucune