L'évènement:

L'ensemble de nos conditions d'existence forment autour de nous ce que nous nommons la Structure. En effet, notre culture, notre époque, notre sexe, notre langue, notre âge, tous ces facteurs déterminent notre place, et donc qui nous sommes; car à la place d'un autre, vous feriez et diriez exactement comme lui, vous seriez lui. Notre identité, c'est notre place. Nous ne sommes une "situation intériorisée" dit Sartre.
Ainsi sommes nous tous effets de cette Structure, et non sujets comme nous voudrions bien le croire. La Structure produit l'indifférence du sujet.
Indifférence totale et absolue ? Nous serions alors intégralement déterminés. Cette affirmation est inacceptable pour les hommes car elle fait d'eux des automates, tout à fait programmés. Au delà de l'individu, il doit y avoir un sujet qui apparaît. C'est là qu'intervient l'évènement.

La Structure lorsqu'elle fonctionne parfaitement donc est à l'origine de tout ce que nous faisons et disons, de ce qui arrive: elle produit les faits. Mais elle connaît aussi parfois des dysfonctionnements qui interrompent sa bonne marche; c'est l'évènement. Lors de ce passage à vide, de ce flottement où la Structure ne compte plus, le sujet (qui faisait défaut jusqu'alors) apparaît. Aussi l'évènement marque-t-il un tournant décisif dans la vie, il est un bouleversement à partir duquel le sujet apparaît et change à jamais de vision, de direction, d'horizon d'existence.
Ce peut être une rencontre, le fait de tomber amoureux, la vue d'une œuvre d'art, la découverte d'un auteur, d'une pensée, ce peut être une infinité de choses (il en est un que nous partageons tous, le premier, notre première parole qui nous ouvre au langage et donc au sens: on ne se contente plus d'imiter, mais on interpelle un sujet et on en devient par là-même un).Une infinité de choses donc, car l'évènement est d'abord un fait. Il ne devient évènement que dans sa manière d'être capté par celui qui le vit, que dans la portée