L’effet Mühlmann
C’est à partir de la lecture du livre de W. Mühlmann, Messianismes révolutionnaires du Tiers Monde que René Lourau énonce ce qu’il nomme Effet Mühlmann :
L’effet Mühlmann, habituellement décrit en termes de « récupération » ou « d’intégration », désigne le processus par lequel des forces sociales ou marginales, ou minoritaires, ou anomiques (ou les trois à la fois) prennent forme, sont reconnues par l’ensemble du système des formes sociales déjà là. L’institué accepte l’instituant lorsqu’il peut l’intégrer, c’est-à-dire le rendre équivalent aux formes déjà existantes .
S’institutionnaliser, c’est acquérir une forme matérielle, c’est faire retour vers ce qui était nié par les forces instituantes du groupe ou du mouvement, c’est emprunter aux formes et aux normes instituées afin d’exister comme institution. Mais ce retour, cet emprunt n’est pas forcément régression et trahison du projet : il s’agit d’une reprise de l’institué en tant qu’il a été nié par l’instituant, et d’une négation de l’instituant en tant qu’il a été lui-même nié par l’institué (...)
L’institutionnalisation d’un mouvement social (religieux, politique, esthétique, etc.) est fonction de l’échec de la prophétie “qui donnait son contenu et sa force au mouvement (...)”ou : le simulacre de réalisation du projet initial accompagne forcément l’échec de ce projet .
À travers ces cours extraits centrés sur le devenir des mouvements instituants, René Lourau nous donne des éléments pour comprendre ce qu’il entend par institutionnalisation. Par contre il est nécessaire de revenir sur les concepts d’instituant et d’institué, ce qui n’est pas évident, comme celui de prophétie, qui quitte le domaine limité des religions. Quant à l’échec, si tout le monde sait bien de quoi il s’agit, convenons que l’échec est une notion souvent relative, et que pour l’apprécier, il faut se référer à des normes et des valeurs.
Ces trois textes résument très brièvement les histoires d’une foule de