L’industrialisation des pays émergents
Cette étude a pour but de contribuer à la spécification du concept d’émergence. En particulier, nous souhaitons aborder la problématique de l’industrialisation des pays émergents en accordant une place particulière à la montée du commerce intra-groupe dans l’économie mondiale, et au rôle primordial joué par les firmes transnationales dans la structuration du système productif mondial. Cette démarche nous permettra de questionner la dimension autonome de l’industrialisation des pays émergents : autonomie de l’émergence ou émergence d’une nouvelle dépendance ? Savoir si l’émergence doit être interprétée comme une dynamique autonome ou comme une dynamique dépendante est, selon nous, l’un des enjeux cruciaux d’une réflexion pertinente sur le concept.
L’émergence : une approche conceptuelle
Dans la littérature actuelle, le recours important au concept d’émergence ne repose pas sur une définition précise ni rigoureuse de celui-ci : le concept demeure non défini et d’une utilisation floue. Evoquer l’émergence se réduit le plus souvent à énoncer une liste de pays, différente selon la source utilisée, ce qui ne contribue pas à l’élaboration d’une notion scientifique. Une réflexion sur le concept nécessite, au préalable, de clarifier et d’identifier les principes fondamentaux auxquels son utilisation fait – implicitement – référence.
De façon évidente, l’émergence correspond à une période transitoire. Les pays considérés comme émergents suivraient un sentier d’évolution de leur système socioéconomique vers le modèle de la « démocratie à économie de marché », étant sousentendu que ce modèle sorti vainqueur de la guerre froide, triomphant et sans rival, est le seul projet – économique et de société – viable. Cela signifie que le concept d’émergence est, si l’on peut dire, un concept à deux dimensions. Non seulement il fait référence à l’évolution du pays considéré, mais également au résultat de cette évolution, à savoir l’intégration de