L’œuvre d’art consiste-t-elle en une imitation de la nature ?
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Hegel a dit dans l’Esthétique que « l’art, quand il se borne à imiter, ne peut rivaliser avec la nature et qu’il ressemble à un ver qui s’efforce en rampant d’imiter un éléphant ». Ce jugement, très sévère apparemment, affirme à la fois l’impossibilité et le peu d’intérêt d’un « art » qui se limiterait à imiter simplement la nature. La nature aurait, selon cette vue, un pouvoir créateur bien supérieur à celui de l’homme. Il est vrai que le mot « imiter » peut, certes, avoir le sens de copier, de reproduire servilement quelque chose existant déjà antérieurement ; mais il est également vrai que l’on accorde volontiers à de très nombreuses œuvres le rang d’œuvre d’art alors que celles-ci semblent bien reproduire quelque chose de la nature. Un portrait, par exemple, ou un paysage, en peinture ou en photographie, ne sont-ils pas des œuvres qui n’existent que parce qu’il y a imitation d’une « nature » prédonnée ? C’est pourquoi il est nécessaire de se demander dans quelle mesure une imitation de la nature peut être qualifiée d’œuvre d’art.
Pour répondre à cette question, il est nécessaire de s’interroger sur l’essence de l’œuvre d’art : qu’est-ce qui fait qu’une œuvre d’art est une œuvre d’art ? ***
Pour commencer, il convient de s’interroger sur la capacité qu’a l’artiste à reproduire fidèlement la nature. En effet, l’on peut se demander si cela est seulement possible. Toutes les formes d’art que nous connaissons ne reproduisent, quand elles reproduisent, qu’une partie de la nature, l’un ou quelques uns seulement de ses aspects. Par exemple, la peinture nous rend compte de l’aspect visuel de la nature, mais non du son ou de l’odeur. De plus, toute peinture ne nous présente qu’un seul point de vue (ou un nombre limité de points de vue dans le cas de la peinture de type cubiste). L’on voit donc que même une peinture techniquement très maîtrisée ne peut rendre complètement la nature. De même, la photographie, qui
reproduit