N'est-on moral que par intérêt?
1888 mots
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La morale peut être définie comme l’ensemble des jugements relatifs au Bien et au Mal, concernant les actes humains. De tels jugements ne sont pas de simples constats, mais des appréciations, des jugements de valeurs. La réflexion sur de tels jugements est un système normatif rationnel. On peut donc dire que la morale est égale à l’éthique. Si, par définition, le terme « intérêt » désigne ce qui importe, ce qui est à son avantage, ce qui fixe l'attention, ici, ce terme désigne principalement ce qui est utile à un individu, c'est-à-dire l’intérêt personnel, ou à plusieurs, en d’autres termes : l’intérêt général. A la question de savoir si l’être humain n’est moral que par intérêt, il est d’abord intéressant de se demande si il existe un Bien ou un Mal moral objectif. La moralité n’existe que pour les êtres libres, maîtres de leurs actions. Notre conscience morale ne peut subsister que si et seulement si l’être humain est contraint à des obligations. En d’autres termes, être libre signifie avoir des devoirs. Le paradoxe réside dans le fait même que ce qui limite notre liberté d’action est ce qui procède de notre liberté même. À cause de quoi ou en vue de quoi l'homme est-il moral ? Si notre seul mobile est l’intérêt, il s’agit alors d’adhérer à une vision plutôt pragmatiste qui ne peut être justifié seulement jusqu’à un certain point. D’un autre côté, tel que le comprend Kant, la conduite morale peut a priori être déterminée, au delà de l’intérêt même, par la notion de devoir. L’obligation morale, le devoir, est inhérente à la liberté en acte. Le rigorisme kantien n'en affirme pas moins que l'intérêt ne saurait être authentiquement moral. De ce point de vue, se demander si l'on n'est moral que par intérêt n'a pas de sens : dès que l'intérêt intervient, on n'agit plus par devoir, mais, au mieux, en conformité avec le devoir. Nous étudierons donc d’abord que l’homme peut agir moralement que par simple intérêt sans que cela ait de conséquences néfastes dans son but