: P. cahuc et a. zylberberg, le chômage, fatalité ou nécessité ? (paris : flammarion,
2004), chap. 1.
Chapitre 7 : Le processus de destruction créatrice.
Les théories de la concurrence monopolistique et oligopolistique ainsi que leurs variantes populaires peuvent être utilisées de deux manières aux fins de soutenir la conception d'après laquelle la réalité capitaliste serait incompatible avec le rendement maximum de la production. On peut, en effet, soutenir qu'il en a toujours été ainsi et que, au long des âges, la production s'est développée nonobstant le sabotage séculaire perpétré par les dirigeants bourgeois. Les partisans de cette thèse devraient alors faire la preuve que le taux de croissance constaté peut s'expliquer par une série de circonstances favorables, indépendantes du mécanisme de l'entreprise privée et suffisamment fortes pour surmonter les frictions de ce dernier. Telle est précisément la question que nous discuterons au cours du chapitre 9. Cependant les personnes qui adoptent cette variante y gagnent au moins l'avantage d'éviter les difficultés d'ordre historique aux- quelles doivent faire face les avocats de la thèse alternative, qui, tout en admettant que la réalité capitaliste aurait tendu naguère à favoriser le rendement productif maximum (ou, à tout le moins, un rendement assez considérable pour constituer un élément essentiel à considérer quand on cherche à porter un jugement réfléchi sur le régime), n'en soutiennent pas moins que cette tendance a été désormais renversée par le foisonnement ultérieur, destructeur de la concurrence, des structures monopolistiques.
En premier lieu, cette thèse suppose l'existence antérieure, parfaitement imaginaire, d'un âge d'or de la concurrence parfaite qui, à un moment donné et selon un processus inconnu, aurait fait place à un âge de monopole. Or, il est tout à fait évident que la concurrence parfaite ne s'est, à aucune époque, concrétisée davantage que ce n'est le ces do nos jours. En second