W ou le souvenir d'enfance
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Ainsi l’un des faits d’armes les plus remarqués de Perec fut « la Disparition », livre unique en son genre puisque n’y figure pas une seule fois la lettre e , pourtant la plus répandue de la langue française ;
Cette performance fut éclipsée par la sortie du maître ouvrage de Perec , « la vie , mode d’emploi« récit construit mathématiquement de la vie d’un immeuble parisien et livre marquant des années 70.
Dans »W » le récit obéit également à une structure formelle très originale , puisque se succèdent deux histoires entrecroisées dont l’éloignement est frappant. Chacune de ces histoires occupe alternativement un chapitre du livre.
D’abord un récit métaphorique évoquant un mystérieux Etat qui ressemble à Sparte, où la population se livre à de grandes joutes sportives rigoureusement ordonnées , où l’ensemble des évènements de la vie est subordonnée à ce culte du sport en de gigantesques olympiades permanentes. Peu à peu le récit prend une tournure inquiétante , l’apologie de la vitalité sportive laissant progressivement la place à la description d’un univers angoissant et inhumain, , ce jusqu’au chapitre final sous forme de révélation apocalyptique sur la nature concentrationnaire de la société décrite, métaphore des camps de concentration.
En parallèle l’auteur tisse la trame de ses souvenirs évoquant ses parents par le biais de photographies , d’objets quotidiens et banals, de bribes de souvenir faiblement illuminés par le flambeau chancelant de la mémoire.
On ne peut s’empêcher de penser au travail de Christian Boltanski pour les arts plastiques ou d’ Alain Cavalier pour le cinéma qui consiste à relier objets et mémoire et nous