« Y’a-t’il une logique des inégalités ? » La devise de la France, qui est « liberté, égalité, fraternité » place l’égalité au centre de ses valeurs depuis 1880, et est le seul pays au monde à l’inscrire dans sa devise. L’égalité est un idéal, un objectif à atteindre, par opposition à l’inégalité qu’on associe à l’injustice, comme une insulte à nos valeurs qu’on estime nécessaire de défendre. L’inégalité est une différence qui entraine des avantages ou des désavantages, une différence n’est donc une inégalité que si on la juge comme telle. Y-a-t’il une logique des inégalités ? La logique est une discipline scientifique, elle structure le raisonnement, s’oppose à l’absurde, à l’incohérent, au confus. La logique implique un système ordonné avec des règles nécessaires. L’éventualité d’une logique des inégalités poserait le problème d’une structure des inégalités indépendante de notre action, sur lequel nous n’aurions aucune prise. Parallèlement, envisager l’absence de logique des inégalités conduit à penser l’absurdité de leur existence, elles n’auraient aucune raison d’être et seraient soumises au hasard, de même que les hommes qui les subiraient, et dans ce cas nous n’aurions pas non plus d’emprise sur les inégalités. Par conséquent on peut se demander : peut-on réellement agir sur les inégalités ? Nous verrons dans une première partie que nous n’agissons jamais sur les inégalités en soi mais sur leurs manifestations, puis nous montrerons que nous pouvons agir indirectement sur les inégalités en transformant notre société de manière structurelle pour empêcher le développement des inégalités.

Ce que nous entendons par « lutte contre les inégalités » n’atteint que les symptômes de l’inégalité, non pas son noyau. L’inégalité affecte un homme dès sa naissance et orientera une grande partie des choix et des événements de sa vie. L’enfant naît dans une famille de laquelle il sera entièrement dépendant jusqu’à pouvoir faire ses propres choix, et gagner sa vie par