S'interroger sur l'existence d'une valeur absolue met immédiatement en exergue deux problèmes-clefs qu'il nous faut développer. D'une part, le concept de valeur absolue parait inadéquat par là-même que la notion de valeur appelle au relativisme alors que la notion d'absolu se rapporte à une propriété. Comment une valeur pourrait-elle être absolue alors que, par exemple, le bonheur n'a pas la même valeur pour deux individus ou pour deux sociétés ? D'autre part, la notion d'absolu sous-entend que les valeurs existeraient par elles-mêmes, en elles-mêmes, hors des hommes. Le bien, par exemple, serait dissocié des hommes et existerait en tant qu'absolu ? Or, le bien, comme d'autres valeurs, n'est-il pas d'origine humaine ou, autrement dit, le bien ne serait-il pas une invention humaine ? C'est dans cette optique que nous allons évoquer plusieurs théories philosophiques qui serviront à notre réflexion. Une valeur absolue est aussi une chose dangereuse par le fait qu'elle peut être un moyen de contrôle puissant, les cas des valeurs chrétiennes et des valeurs civiques sont à mettre en exergue. Cela dit, une valeur absolue, à défaut d'exister, pourrait être perçue comme une sorte d'idéal vers lequel tendre, et la morale kantienne serait alors justifiée. Il s'agit donc de répondre à la question: y a-t-il une valeur absolue ? D'abord, nous verrons que la relativité des valeurs les empêche d'être absolues. Puis, nous essaierons de prouver que les valeurs sont bel et bien d'origines humaines, interdisant de ce fait toute notion d'absolu. Il sera intéressant d'analyser les valeurs chrétiennes et civiques, par la suite, pour mettre en lumière leur pouvoir de contrôle, quand absolutisées. Pour finir, nous verrons si une valeur absolue n'a pas plutôt vocation à servir de phare, auquel il faut que nos valeurs tendent, alors même qu'elle ne serait pas réelle.

Le problème qui apparaît dès que l'on pose le concept de valeur absolue est l'inadéquation des deux termes. A