Y a-t-il une vérité des apparences ?
L’apparence désigne la surface de l’être, ce qui paraît à un sujet, par la sensation immédiate. Comme telle, pour une connaissance démonstrative de la vérité comme recherche de l’essence, cette immédiateté est suspecte, tout autant que le médium de cette réalité, la sensation. Une apparition (épiphanie en grec ce qui, de Dieu, devient visible ) implique une réalité, même si je n’en comprend pas la nature ; l’origine latine apparentia assez douteuse, signifierait présence ou aspect sensible. Celui qui sauvent les apparences, ne laisse rien voir de ses malheurs et de même le sujet pose la question de savoir si l’on peut sauver les apparences de leur superficialité en leur accordant quelque vérité, comme Socrate, dont le premier mot d’ordre était : « Sauver les phénomènes ! » de leur apparente irrationalité. Il y a donc une dimension péjorative dans l’apparence pour la langue commune, un aspect réducteur, qui ferait d’elle le reflet, le nécessaire pendant du « caché », du « secret », du « profond » ou de « l’inaccessible ». Par conséquent, si les apparences ne livrent qu’une partie de ce dont elles sont le reflet, elles nous mentent, nos sens ont été souvent trompés par les illusions perceptives, elles nous éloignent de la vérité au sens ontologique, de l’être même des choses et devront être dépassées, voire niées, pour la découvrir. Cependant est-il possible de supprimer les apparences ? De décider de ne plus percevoir ? Kant ne nous enseigne-t-il pas que sans l’intuition sensible, le concept et l’entendement sont aveugles ? Nous constatons une irréductible réalité de ce qui apparaît (phainomenon en grec) dans la mesure où nous n’avons affaire qu’à des phénomènes, au sens où le phénomène représente en général, une apparence naturelle extérieure un « spectacle dans le monde », mais l’on peut étendre cette définition de l’apparence à tout ce qui apparaît à notre conscience : une image, une sensation, un