Écarts orthographiques dans les enfantômes - réjean ducharme
Philippe Beaulieu-Demers
Vie littéraire au Québec depuis 1900
LFQ-1053
Université du Québec à Trois-Rivières
Le lundi 27 avril 2009
Réjean Ducharme fait partie des moutons noirs de la littérature québécoise. Dès la publication de son premier roman L’avalée des avalés en 1966, on le considère, au Québec, comme un grand écrivain de sa génération. Ducharme a son style d’écriture propre et plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’ensemble de son œuvre, mais l’énonciation ducharmienne reste en partie un mystère. Tous ces jeux de mots et l’orthographe douteuse semblent, à la première lecture, indéchiffrables. C’est pourquoi nous avons choisi de nous pencher sur la question de l’orthographie des mots dans Les Enfantômes de Réjean Ducharme. Nous tenterons de répondre à la problématique : quels rôles les irrégularités orthographiques, souvent présentées sous forme de jeux de mots, peuvent-ils jouer dans l’énonciation ducharmienne ? Nous croyons que certaines d’entre elles sont justifiées soit par leur double sens ou soit par le fait qu’elles enrichissent le texte. En revanche, il nous semble que certains mots mal orthographiés n’ont pas leur raison d’être. Pour vérifier cette hypothèse, nous définirons d’abord les concepts qui seront utilisés dans l’analyse de l’œuvre. Également, nous ferons la distinction entre les jeux de mots et les mots orthographiés de manière non conforme à la norme. Nous les subdiviserons en quatre catégories tout en tentant de leur attribuer des rôles bien précis. Voici les types d’anomalies orthographiques auxquelles nous nous intéresserons. Premièrement, celles qui semblent les plus fréquentes dans Les Enfantômes et qui sont justifiables par le joual. Ensuite, les jeux de mots que nous qualifierons de « calembours intentionnels » qui, nous le verrons, supposeront une volonté de l’auteur d’ouvrir au lecteur une porte vers l’interprétation. Troisièmement, les jeux de mots à caractère ludique, sans double sens. Enfin,