École et mobilité sociale
En France, depuis Jules Ferry, l'école a été considérée comme le principal moyen de s'élever dans l'échelle sociale. Pourtant, dans les années 60, des sociologues comme Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron ont mis en évidence son rôle avant tout reproducteur de la stratification sociale (La Reproduction, 1970). Depuis lors, on a assisté à une augmentation massive de la scolarisation, dans l'enseignement secondaire puis supérieur. Le niveau scolaire de la population n'a cessé d'augmenter depuis trente ans. Dans une étude récente, les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet analysent les transformations de la société française en comparant le statut des individus qui avaient 30 ans en 1968 aux trentenaires de 1998. Alors que les premiers étaient en majorité sortis sans aucun diplôme du système éducatif, 43 % des seconds sont bacheliers. Et le taux actuel d'une classe d'âge accédant au baccalauréat avoisine les 70 %. Peut-on dire pour autant que la société est devenue plus égalitaire ? Plusieurs facteurs viennent contredire cette affirmation.
D'une part, on a assisté à une relative dévaluation des diplômes. Avec les difficultés économiques survenues depuis les années 70 et l'augmentation du chômage (de 1 % en 1968, il est passé à 12 % en 1998 pour les hommes de 30 ans, et à 14 % pour les femmes du même âge), les diplômés, plus nombreux, n'ont plus la garantie d'un statut social comparable à celui qui leur était offert dans une période de croissance économique forte. Le niveau a monté, affirment C. Baudelot et R. Establet, mais l'emploi n'a pas suivi, il faut toujours plus de diplômes pour moins de résultats.
D'autre part, l'étude des parcours scolaires, depuis les années 80, montre que la démocratisation du système scolaire est loin d'être uniforme : « Les sections les plus prestigieuses et qui offrent les meilleures professions renforcent leur caractère élitiste ; inversement, les sections les plus