Économie des inégalités
La théorie économique classique n’intègre pas la question des inégalités. Ni le modèle de la concurrence pure et parfaite, ni le cadre d’analyse de l’optimum parétien n’examinent le cadre et les modalités des politiques de redistribution. En effet, dans le premier cas, il appartient au marché et à lui seul de fixer le prix d’équilibre des facteurs et des biens et des services. Dans le second cas, toute redistribution ayant pour objet d’augmenter l’utilité marginale d’un agent ou d’une catégorie d’agents au prix d’une diminution de l’utilité marginale d’un autre agent ou d’une autre catégorie d’agent est exclue par le principe de non comparaison des utilités.
Certes, Musgrave inclut la redistribution dans les trois fonctions économiques qu’il attribue à l’État (allocation des ressources, gestion de la conjoncture, redistribution). Cependant, les politiques d’allocation des ressources et de correction des inégalités relèvent de deux dimensions différentes : elles sont orthogonales l’une à l’autre. De fait, les politiques publiques de lutte contre les inégalités ont été pensées pour l’essentiel dans la sphère sociale plus que dans la sphère économique. En outre, lorsqu’elles ont commencé d’être pensées dans la sphère économique, ces politiques l’ont été jusqu’à ces dernières années de façon indépendante et non en relation avec la question de l’allocation des facteurs.
La présente fiche présente, à partir de l’ouvrage de Thomas Piketty (Économie des inégalités, La Découverte, quatrième édition, 2002) quelques repères sur la question articulés autour :
− d’une méthodologie de mesure du phénomène ;
− d’un bilan de l’évolution des inégalités au cours des dernières années ;
− d’une revue des politiques de gestion des inégalités.
1. MÉTHODOLOGIE DES INÉGALITÉS : DÉFINITION ET MESURE
1.1. Définition
INÉGALITÉ & ÉQUITÉ
L’inégalité mesure une différence relative de situation entre individus au regard, soit de la dotation d’un