Éloge du conformisme
C'est pourquoi il n'est pas impossible de proposer une sorte de réévaluation du conformisme. En concevant, par exemple, que les conduites effectivement déterminées par la considération de l'intérêt individuel ou collectif demeurent acceptables si elles permettent la concorde. Mais elles permettent également davantage : que le sujet se sente en paix avec sa propre conscience puisque le souci de son intérêt ne provoque pas de conflits, qu'il n'ait rien à craindre en fait de réactions ou de sanctions sociales, tant que son intérêt n'entre pas en contradiction avec celui de son voisin ou de la communauté.
C'est sur ce point qu'est en effet la difficulté majeure, ou le risque de dysharmonie. En n'offrant pas d'autre source à la morale que l'intérêt, il s'agit quand même de faire en sorte qu'il soit compatible avec celui des autres. En sorte que le conformisme, s'il peut vaguement suffire dans la pratique de tous les jours, risque d'être insuffisant lorsqu'il s'agit de justifier les exigences morales les plus hautes, si l'on ne