Évaluation
Collège -----------------------------
Classe de M. -------------------------------
FRANÇAIS
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Lecture - Compréhension - rédaction
Extrait de Annapurna Premier 8000
(Maurice Herzog - © Éd. Arthaud)
Juin 1950 - La marche est épuisante. Chaque pas est une victoire de la volonté… Lachenal se plaint de plus en plus de ses pieds. « Je ne sens plus rien, gémit-il… Ça commence à geler… On risque de se geler les pieds. Crois-tu que cela vaille la peine ? » Je suis anxieux. Responsable, je dois penser et prévoir pour les autres. Sans doute le danger est réel. L'Annapurna justifie-t-elle pareil risque ? Telle est la question que je me pose et qui me trouble. Lachenal a relacé ses souliers. Moi aussi, j'ai froid aux pieds. Sans arrêt, je fais fonctionner mes orteils, même en marchant. Ils sont insensibles mais souvent en montagne cela m'est arrivé : il suffit de persévérer pour maintenir la circulation sanguine. Nous dominons les arêtes vertigineuses qui filent vers l'abîme. En bas, tout là-bas, les glaciers sont minuscules. Brusquement, Lachenal me saisit : « Si je retourne, qu'est-ce que tu fais ? » En un éclair, un monde d'images défile dans ma tête : les journées de marche, les rudes escalades, les efforts exceptionnels déployés par tous pour assiéger la montagne, l'héroïsme quotidien de mes camarades pour installer, aménager les camps… À présent, nous touchons au but. Dans une heure, deux peut-être, tout sera gagné. Et il faudrait renoncer ? C'est impossible. Mon être tout entier refuse. Je suis décidé absolument décidé. Aujourd'hui, nous consacrons un idéal. Rien n'est assez grand. Je réponds et ma voix sonne clair : « Je continuerai seul. » Oui, j'irai seul. Si Lachenal veut redescendre, je ne peux pas le retenir. Il doit choisir en pleine liberté. Mon camarade n'est pas le moins du monde découragé ; la prudence seule, la présence du