Être père aujourd’hui
Thèmes : Parentalité.
Être père aujourd’hui, un rôle qui n’est plus donné par la fonction
Désormais l’homme doit faire sa place dans le couple auprès des enfants. Il ne peut plus compter sur un pouvoir conféré automatiquement : on ne naît plus père, on le devient. Et cela en lançant des défis à la société, à soi-même, à la mère, à l’enfant. Analyse d’une mutation
La paternité ne serait plus ce qu’elle était. Pour preuve : les articles, ouvrages et colloques qui depuis une trentaine d’années se multiplient sur un thème longtemps monolithique et quasiment inexploré. Les bouleversements engendrés par mai 68, la fin déclarée — et votée en juin 1970 — de la puissance paternelle au profit de l’autorité parentale donnent alors naissance à une série de questionnements et de remises en cause dont Françoise Hurstel dans La déchirure paternelle (PUF) sélectionne les principaux témoignages. Relevons, parmi la pléthore de titres qui annoncent « la mort du père », les plus significatifs comme Vers une société sans père de A. Mitscherlich ou Requiem pour papa de Origlia. Quelques années plus tard (années 80- 90) on passe de l’exclusion du père à son « utilité ». Là encore, les intitulés sont symboliques des interrogations qui traversent le monde des pédopsychiatres et des éducateurs : ainsi de A. Naouri qui revendique Une place pour le père ou de l’Association française du conseil conjugal qui, à l’occasion d’une journée d’études lance un « Cherche père désespérément ». Plus sobre, le congrès des psychologues s’interroge, en 1993 : Que reste-t-il du père ?
Pourtant, les mises à mal du pater familias ont commencé bien avant 1968 et la sociologue Christine Castelain Meunier 1rappelle que la Révolution française de 1789 a précipité la remise en cause d’une toute-puissance par ailleurs déjà bien entamée par les philosophes des Lumières. Ainsi Diderot, emprisonné entre autres pour s’être marié contre la volonté de son père reçoit de