Texte : Le fait qui commande la condition actuelle de la femme c’est la survivance têtue, dans la civilisation neuve qui est en train de s’ébaucher, des traditions les plus antiques. On ouvre aux femmes les usines, les bureaux, les facultés, mais on continue à considérer que le mariage est pour elles une carrière des plus honorables qui les dispense de toute autre participation à la vie collective. La femme mariée est autorisée à se faire entretenir par son mari ; elle est en outre revêtue d’une dignité sociale très supérieure à celle de la célibataire. La fille-mère demeure un objet de scandale. Tout encourage encore la jeune fille à attendre du « prince charmant » fortune et bonheur plutôt qu’à en tenter seule la difficile et incertaine conquête. En particulier, elle peut espérer accéder grâce à lui une caste supérieure à la sienne, miracle que ne récompensera pas le travail de toute sa vie. Mais un tel espoir est néfaste parce qu’il divise ses forces et ses intérêts ; c’est une division qui est peut-être pour la femme le plus grave handicap. Les parents élèvent encore leur fille en vue du mariage plutôt qu’ils ne favorisent son développement personnel ; elle y voit tant d’avantages qu’elle le souhaite elle-même ; il en résulte qu’elle est souvent moins spécialisée, moins solidement formée que ses frères, elle s’engage moins totalement dans sa profession. Par là elle se voue à y demeurer inférieure ; et le cercle vicieux se noue : cette infériorité renforce son désir de trouver un mari. Simone De BEAUVOIR, Le deuxième sexe, 1949.
COMMUNICATION :
1) A partir du paratexte et des modalisateurs présents dans le passage, identifiez l’énonciateur du texte. 2,5pts
2) Dégagez la fonction du langage dominante du texte. Justifiez votre réponse par des indices textuels pertinents. 2,5pts MORPHOSYNTAXE :
1) Relevez deux connecteurs logiques différents dans le texte et