Écriture d'invention rédigez une lettre qui défend l'intérêt du poème de b. cendrars
Monsieur,
Lecteur assidu de votre revue, acteur, et donc homme de spectacle sinon de lettres, je prends la liberté de vous faire une requête. Désireux de mettre la poésie à la portée d'un public plus large, je forme le projet de monter un spectacle de lecture de poésies. Je me mets donc à la recherche de textes pour constituer mon « anthologie » personnelle, et voilà que je tombe par hasard sur un poème de Cendrars, bien moins connu que la fameuse Prose du Transsibérien, un « sonnet dénaturé » intitulé « académie médrano » !
Je dois vous dire mon étonnement, mon admiration et aussi ma perplexité, car le « cas » que je vous soumets nécessite les lumières de lecteurs de poésie avertis, d'experts comme vous. Vous allez comprendre pourquoi. En effet, il ne s'agit pas vraiment d'un poème au sens strict du terme, mais bien plutôt à la fois d'un jeu, d'un manifeste, d'un tableau... C'est tout un spectacle que nous offre Cendrars. J'ai trouvé là le premier texte qui me mette en échec et me renvoie en quelque sorte à mon néant, ou plutôt me donne des doutes sur les capacités du comédien par rapport au poète. Mais laissons les problèmes pour la fin ; bien que je sois persuadé que vous connaissez ce poème, je veux d'abord vous faire partager mon entousiasme avant mes doutes...
Le poème semble se moquer du lyrisme traditionnel et de ce que nous considérons souvent comme des clichés. Jugez-en plutôt : il s'agit de l'évocation d'un cirque et du monde féerique qui l'entoure. Outre le fait qu'il s'agit d'un sujet qui me touche - celui du spectacle -, je suis sûr qu'il saura capter un vaste public. Faites-le lire à un enfant : il y trouvera avec joie un monde d'évasion, de merveilleux qui mêle « un tout petit basset », « la fille du directeur », « les jongleurs » et les « trapézistes ». L'adulte y retrouvera ses joies d'enfant. Cendrars a su garder la fraîcheur et une âme d'enfant et, pour moi, le poète, loin de se complaire dans son spleen, doit