ÉNIGME DU RETOUR
Rue Deschambault peut se lire comme une œuvre autobiographique où l’auteure, Gabrielle Roy, fait remonter à la surface des souvenirs de son enfance passée au Manitoba. Ces pensées ont aussi l’avantage de nous montrer comment l’auteure percevait le monde extérieur avec ses yeux d’enfant.
Le thème du voyage revient abondamment dans l’œuvre de Gabrielle Roy et souligne le malaise vécu par les personnages, constamment à la recherche du temps perdu de leur enfance (le cas de Christine) ou encore tiraillés par un besoin presque pathologique de liberté (le cas de la mère). On trouve également d’autres personnages qui partent pensant à tort qu’ailleurs l’herbe est plus verte. Ceux-ci se retrouvent dans les nouvelles : Le Titanic, L’Italienne, Wilhelm et Ma tante Theresina Veilleux
Mais les voyages qui marquent avant tout dans le recueil sont les deux voyages que Christine effectue avec sa mère. Ce sont en quelque sorte des voyages initiatiques pour l’auteure. Profitant du fait qu’elle est la plus jeune de la famille, elle est toujours aux cotés de sa mère.
Lors des deux voyages qu’elle entreprend avec la mère dans les nouvelles « Pour empêcher un mariage » et « Les déserteuses », la fille apprend beaucoup sur sa mère, sur le monde extérieur ainsi que sur les autres.
Dans la nouvelle « Pour empêcher un mariage », c’est pour répondre à un besoin familial qu’elles se rendent en Saskatchewan, encouragées par le père. Dans ce cas, l’homme ordonne et la femme obéit. Ainsi sont définis les rôles dans la famille traditionnelle québécoise.
De ce voyage, Christine ne se rappelle pas de beaucoup de choses. Ce déplacement pour empêcher le mariage de sa sœur ne lui a pas laissé de souvenirs impérissables. Peut-être était-ce à cause du but du voyage qui n’était pas reluisant ou encore en raison d’une confidence de sa mère. Ce voyage est décrit comme lugubre puisqu’on a l’impression qu’il ne se déroule que dans l’obscurité. «