Éponine (Les Misérables)
Elle tombe amoureuse de Marius qui est son voisin dans la misérable masure Gorbeau du boulevard de l'Hôpital à Paris où elle habite avec sa famille en 1832. Il ne l’a jamais remarquée jusqu’au jour où, envoyée par son père pour mendier, elle fait irruption dans sa chambre. Marius sera ébranlé par Éponine, portrait emblématique de la faim ou, plus précisément selon Hugo, celui de « la misère de l’enfant. » Ce qui nous vaut parmi les pages les plus poignantes du roman, celui de la dégradation de l’humain par la faim1 :
« Sans attendre qu’il lui dît d’avancer, elle entra. Elle entra résolument, regardant avec une sorte d’assurance qui serrait le cœur, toute la chambre et le lit défait. Elle avait les pieds nus. De larges trous à son jupon laissaient voir ses longues jambes et ses genoux maigres. Elle grelottait. […]
La jeune fille allait et venait dans la mansarde avec une audace de spectre. Elle se démenait sans se préoccuper de sa nudité. Par instants, sa chemise défaite et déchirée lui tombait presque à la ceinture. Elle remuait les chaises, elle dérangeait les objets de toilette posés sur la commode, elle touchait aux vêtements de Marius, elle furetait ce qu’il y avait dans les coins.
— Tiens, dit-elle, vous avez un miroir !
Et elle fredonnait, comme si elle eût été seule, des bribes de vaudeville, des refrains folâtres que sa voix gutturale et rauque faisaient lugubres. Sous cette hardiesse perçait je ne sais quoi de contraint, d’inquiet et d’humilié. L’effronterie est une honte.
Rien n’était plus morne que de la