étude de la scène de meurtre dans Thérèse Raquin
« Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. J'ai cherché à suivre pas à pas dans ces brutes le travail sourd des passions, les poussées de l'instinct, les détraquements cérébraux survenus à la suite d'une crise nerveuse. Les amours de mes deux héros sont le contentement d'un besoin; le meurtre qu'ils commettent est une conséquence de leur adultère, conséquence qu'ils acceptent comme les loups acceptent l'assassinat des moutons; enfin, ce que j'ai été obligé d'appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique, et une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L'âme est parfaitement absente, j'en conviens aisément, puisque je l'ai voulu ainsi.»
Camille : c’est la victime, et pendant la scène du meurtre, il est le seul à prononcer des paroles rapportées au discours direct. Il est désigné par son prénom le plus souvent, ou, par l’antonomase « le commis » et « le malheureux ». Il est présenté comme un enfant un peu naïf, effrayé par l’eau et essayant de se donner une bonne contenance. Quand Laurent le saisit, il « éclate de rire », il utilise encore le vocabulaire des jeux enfantins : « tu me chatouilles » « pas de ces plaisanteries-là ». La comparaison avec un enfant apparaît dans le § 5 (« Il le tenait en l'air, ainsi qu'un enfant », pour évoquer l’aspect chétif de Camille. Enfant adulé, il ne se prive pas de monopoliser la parole, toujours pour proférer des banalités. Depuis le début du récit, il a agi par caprices, et joué plutôt que de se comporter en adulte.
Ce personnage chétif apparaît toutefois singulièrement plus résistant et vivace que les amants ne l’avaient prévu : il réagit