Étude littéraire livre iii gaspard de la nuit d'aloysius bertrand
La Nuit et ses Prestiges , troisième livre de Gaspard de la Nuit d’Aloysius Bertrand, est certainement, comme le confirme Jean-Luc Steinmetz dans la préface de l’édition au programme, « le livre principal » de cette œuvre. Plusieurs indices le montrent : le titre de cette troisième partie est tout d’abord un écho du titre de l’œuvre puisqu’on y retrouve la Nuit, qui apparaît dès lors comme un thème d’importance majeure pour Aloysius Bertrand. En outre, c’est le livre qui comporte le plus de poèmes, onze en tout et il constitue une sorte d’apogée puisque le premier en comporte neuf, le deuxième dix et qu’ensuite le nombre de poèmes va décroissant, le quatrième en comportant huit, le cinquième sept et le dernier seulement six. Enfin, on peut vraisemblablement y voir l’expression la plus personnelle du poète puisque la première personne du singulier est présente dans tous les poèmes, à l’exception du dernier, « L’heure du Sabbat », qui a un statut particulier. Pourquoi, peut-on se demander, ce moment de la nuit semble-il tellement important pour le poète Aloysius Bertrand ? Sans doute car il s’agit d’un moment privilégié associé au rêve et le monde onirique va lui permettre de développer tous les thèmes qui hantent son imaginaire de poète romantique. Quels sont donc ces thèmes, ces obsessions qui structurent son imagination ? C’est la deuxième question qu’il convient de se poser. En observant le titre qu’il donne à cette partie de son œuvre, on constate déjà le lien profond pour lui entre la nuit et le surnaturel puisque le terme « prestige » signifie : « une illusion dont les causes sont surnaturelles et magiques »[1]. C’est effectivement un univers empreint de magie que Bertrand va mettre en scène mais un univers surtout médiéval, gothique et fantastique, thèmes inspirés directement des auteurs romantiques dont il se