Être conservateur
1789, la révolution éclate en France et son influence s’étend sur tout le continent, marquant ainsi l’entrée de l’Europe dans une nouvelle ère idéologique, celle de la liberté. C’est le début d’un siècle nouveau. La révolution frappe d’abord par la remise en question des systèmes politique, social et culturel ancrés dans la société européenne depuis des siècles. Néanmoins, elle marque surtout les esprits par sa radicalité et ses tournures violentes qui ont atteint leur summum pendant la Terreur. La crainte de la diffusion de ce processus, remettant en cause l’ordre chrétien et monarchique, émerge partout en Europe à travers l’affirmation du conservatisme. Etre conservateur implique l’attachement aux valeurs traditionnelles (conservatisme social, moral ou religieux), mais aussi l’hostilité aux théories politiques encourageant le changement social (conservatisme politique). Etre conservateur n’a pourtant pas gardé la même signification de 1789 à la moitié du XIXe siècle. Comment expliquer le passage d’un conservatisme réactionnaire à un conservatisme libéral ? Ces changements se sont-ils opérés de la même manière dans tout le continent ? Et finalement, est-ce possible d’être et de rester conservateur en Europe dans une société de mutations ? C’est à la lumière de ces questions que nous tenterons d’abord de montrer que le conservatisme a eu une connotation contre-révolutionnaire en Europe occidentale après la Révolution Française. La pensée conservatrice s’est ensuite affirmée dans toute l’Europe suite aux différentes révolutions et enfin qu’elle a semblé, sur le long terme, tendre vers une relative libéralisation.
I) Être conservateur en Europe de l’Ouest revient à être contre-révolutionnaire (1789-1815)
La révolution française fait table rase du passé et s’étend, sous Napoléon, jusqu’en Pologne. Le désir de revenir à 1788 et à l’ordre émerge. Cela donne naissance au courant