le jardin dans la littérature fin
The Garden in Fin-de-Sile Literature: When a Narrative Motif Becomes an thetic
Object
Par Geneviève Sicotte Publié le 18/01/2011 sur Projet de Paysage - www.projetsdepaysage.fr
Lieu clos où la nature se civilise et s'humanise, le jardin est classiquement vu comme une sorte d'utopie ou, pour le dire dans les termes de Michel Foucault, comme une « hétérotopie » (Foucault, 1994, p. 756), un espace dont les règles ne sont pas celles du monde quotidien. Pour Foucault, les hétérotopies sont des « sortes d'utopies effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres emplacements réels que l'on peut retrouver à l'intérieur de la culture, sont à la fois représentés, contestés et inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux » (ibid., p. 755). Selon Foucault, le jardin serait « depuis le fond de l'Antiquité, une sorte d'hétérotopie heureuse et universalisante » (ibid., p. 759). En effet, le caractère hétérotopique et euphorique du motif du jardin est manifeste dans ses représentations les plus reculées, qu'il s'agisse du jardin d'Éden, du jardin de pierreries de l'Épopée de Gilgamesh, ou de cas tirés d'œuvres canoniques de la culture occidentale, par exemple des cartes du tendre ou des jardins utopiques des littératures médiévale et renaissante1. Dans tous ces cas, le jardin est posé comme un espace à part qui configure ou reconfigure le monde à sa façon.
La nature choisie, civilisée et idéalisée qui compose le jardin, ainsi que sa clôture qui le met à l'abri du monde, le font proposer au cours de l'histoire littéraire comme image, métaphore ou symbole de l'intimité et de la subjectivité. Le jardin se compose alors autour d'une certaine idée des rapports entre l'individu et le social, proposant une refonte idéalisée des rapports entre l'un et l'autre. À ce premier axe de sens s'en ajoute un second, tout aussi fondateur : les