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Thème : L’individualisme méthodologique
Source : Dominique Chagnollaud, Science politique : Eléments de sociologie politique, Dalloz, 2000
II n'existe pas une théorie de l'individualisme méthodologique mais plusieurs types qu'on peut schématiquement distinguer en sociologie autour de deux modèles. L'un, qu'on pourrait nommer individualisme utilitariste, propose la vision d'une société d'atomes engagés dans l'action pour la poursuite de leur intérêt. Cette version est en fait dans certains de ses développements à dominante économiste (A). Une autre version, prônant la « rationalité limitée » de l'acteur (B) développée notamment par Michel Crozier, sans éclairer ses motivations, le réintègre dans les contraintes d'un « système d'action ».
A L'individualisme « utilitariste »
L'individualisme méthodologique énonce que « pour expliquer un phénomène social quelconque (...), il est indispensable de reconstruire les motivations des individus concernés par le phénomène en question, et d'appréhender ce phénomène comme le résultat de l'agrégation des comportements individuels dictés par ces motivations ». Cette approche illustrée par Raymond Boudon (1986) relativise, voire fait disparaître, l'influence de l'environnement social. Elle rejoint l'analyse wébérienne, en soulignant l'importance des motivations des acteurs. Mais elle s'en sépare en voyant dans les phénomènes sociaux le résultat de l'agrégation des comportements individuels dictés par des motivations. C'est l'acteur, rationnel, qui au regard de sa situation spécifique, adopte une stratégie particulière, conforme à son intérêt conscient. Les phénomènes macroscopiques s'expliquent donc par des faits microscopiques.
Pour Raymond Boudon, l'un de ses théoriciens modernes, « expliquer le phénomène social, c'est toujours en faire la conséquence d'actions individuelles » (ibid.). Le social n'étant rien de plus que le système de conséquences des interactions, il