1870
Après 20 ans de règne sans partage, le Second Empire de Napoléon III, au terme de la décennie 1860, semble arriver à bout de souffle, maculé par les désastres extérieurs (expédition du Mexique) et à l’intérieur par une progression de plus en plus nette de l’opposition, en dépit d’un système électoral pourtant conçu pour favoriser les candidats officiels du régime. Ainsi les élections législatives de 1869, si elles ne sont pas à proprement parler une défaite électorale pour les partisans de l’empereur, marquent en revanche un bond considérable pour l’opposition avec notamment un courant centriste libéral bien décidé à ne soutenir l’Empire qu’en échange de garanties d’une évolution parlementaire du régime. Aussi à la fin de l’année 1869, Rouher, le « vice-empereur », quitte son ministère pour laisser la place à Emile Ollivier, ancien républicain converti aux idées libérales, qui est officiellement chargé de former un gouvernement le 27 décembre de l’année qui s’achève. L’Empire, à la faveur de la nouvelle assemblée, parait en passe de s’orienter vers un plus net parlementarisme, marquant ainsi une évolution et un changement en matière institutionnelle. Mais personne ne semble imaginer qu’il n’en sera rien, ou tout plutôt qu’il en sera beaucoup plus, car des évènements inattendus viendront bouleverser le cours des choses : une guerre, une république ; 1870 marque indéniablement un tournant et il convient de voir en quoi et comment.
Pour cela, on peut commencer par étudier l’évolution libérale et parlementaire dans laquelle s’engage le Second Empire, puis voir quelles sont les causes et les premières tendances du conflit franco-prussien et enfin s’intéresser aux conditions de proclamation de la République et à ses premiers jours.
I) VERS L’EMPIRE LIBERAL A. La nouvelle donne politique 1. L’assemblée de 1869
En mai 1869, les élections législatives marquent une poussée inédite de l’opposition sous le Second Empire. Formellement parlant, le régime