1945-1962
Lorsque l’on s’intéresse à l’histoire des Algériens en France, le contraste est net entre mémoires et histoire, entre images référentielles et productions historiques. Dans le registre mémoriel en effet, s’il est une figure marquante, référentielle en la matière, c’est celle de l’OS (ouvrier spécialisé) algérien de l’industrie automobile. Dans un film comme Mémoires d’immigrés : l’héritage maghrébin de Yamina Benguigui(2), dans un livre comme Le silence du fleuve qu’Anne Tristan a consacré à la manifestation du 17 octobre 1961 à Paris(3), dans des articles de presse tel celui que Benjamin Stora signait dans Le Monde en février 1997 sous le titre “Algériens : des bras pour la France”(4), photographies et images montrent des Algériens ouvriers de l’automobile, OS des fonderies, des presses et des chaînes de montage. Entre 1945 et 1974, durant ces “Trente Glorieuses”(5) qui marquent aussi ce qu’Abdelmalek Sayad appelle le “deuxième âge de l’immigration
Par Laure Pitti, historienne, CNHI/CRESC (Centre de recherches espaces, sociétés, culture)université Paris XIII
1)- Ce texte reprend très largement une contribution au colloque “Mémoires algériennes”, organisé par la mairie de Nanterre en décembre 2003, paru une première fois in Aïssa Kadri et Gérard Prévost (coord.), Mémoires algériennes. Hommage à Abdelmalek Sayad, Paris, Syllepse, 2004, pp. 61-73. L’auteur tient à remercier les éditions Syllepse d’avoir permis la réédition de ce texte dans le présent dossier. 2)- Yamina Benguigui, Mémoires d’immigrés : l’héritage maghrébin, documentaire, France, 1997, 2 h 40, 35 mm. 3)- Anne Tristan, Le silence du fleuve. Octobre 1961, Bezons, Éditions Au nom de la mémoire, 1991, p.25 et p.27. 4)- Benjamin Stora, “Algériens, des bras pour la France”, Le Monde , 23-24 février 1997, qui porte en sous-titre : “Indispensables à la croissance économique, ils étaient ouvriers du