1979
. Volume qui a fait date: il marque l'espace d'un nouveau champ pour les études littéraires, défini par son commerce direct avec les écrivains ou, plus exactement, avec les traces écrites que ceux-ci nous ont laissées après leur mort2
. Plus de vingt ans ont passé, riches en publications3
, mais marqués aussi par des tâtonnements, des discussions internes et même quelques polémiques publiques4
. Qu'en est-il? Qu'est-ce que la critique génétique dans le contexte des nouveaux média? Que sera-t-elle au troisième millénaire? Survivra-t-elle aux multiples modes qui traversent régulièrement le continent des études littéraires? Et tout d'abord, quelle définition proposer aujourd'hui?
La critique génétique, telle qu'elle est mise en œuvre depuis une vingtaine d'années, est une méthode d'approche de la littérature qui vise non pas l'œuvre finie, mais le processus d'écriture. Processus dont on trouve trace dans des documents de toutes sortes: notes de lecture, carnets, cahiers, plans, esquisses et scénarios, brouillons de rédaction, épreuves corrigées, etc. Cet ensemble de documents est désigné par le terme d'avant-texte ou de dossier génétique. Dans la plupart des cas, il s'agit jusqu'à présent de manuscrits autographes, donc écrits par la main de l'auteur et donnant à voir dans ces tracés singuliers le tremblé et l'étincelle qui accompagnent la création. C'est à travers les ratures et réécritures que le généticien reconstruit les étapes successives de l'élaboration textuelle. Le processus n'est donc pas accessible