19A Apollinaire Alcools 867333187
GUILLAUME APOLLINAIRE
Alcools
— POÈMES —
(1900 - 1913)
PARIS dans l’atelier de Picasso du 11 boulevard de Clichy — automne 1910
artyuiop
par Pablo Picasso
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Alcools
Guillaume Apollinaire
Lettre de Guillaume Apollinaire à Madeleine Pagès
30 juillet 1915
Ma chère petite fée chérie,
Je suis moi-même si bouleversé par vos lettres et par tout ce qui s’est passé qu’il m’a été impossible d’écrire avant ce soir et je le fais avec une passion si joyeuse et si douloureuse à la fois que mes doigts se crispent en vous écrivant.
Je réponds avant tout à votre lettre de votre fête où le lendemain vous me buviez en lisant Alcools.
J’ai reçu aujourd’hui le vôtre. Intact cette fois et je suis presque heureux que votre fraîcheur se soit la première fois répandue en libation à notre destinée. D’autre part le verre blanc brisé est un très heureux présage et enfin le parfum avait profondément imprégné la boite et votre fraîcheur se répand encore toute dans ma cellule.
Pour ce qui est de ma permission je comptais bien aller la passer à
Oran, du moins à Alger car on a facilement six jour quand on va en
Algérie et le jour du débarquement ne comptant pas, si l’on arrive le matin ça fait presque sept jours. Ces dispositions sont relatives à l’Algérie seulement.
Notez, Madeleine, que je ne pense pas avoir de permission avant octobre, je dirais plus, janvier ou février. Je suis dans une formation où les permissions sont données de cette façon et il n’y a rien à en dire qu’à s’incliner.
Pour ce qui est de mon livre, au début, je préférais que vous ne le lisiez pas avant que je vous l’envoyasse. Mais depuis nos aveux, c’était tout le contraire et je suis content qu’au travers de ces pages vous ayez beaucoup lu de ma vie.
Je vous ai dit de ne pas être jalouse et comme vous ne l’êtes plus, sachant que vous êtes l’élue à jamais vous pouvez faire toutes les questions avec la liberté que vous jugerez devoir y apporter et j’y
répondrai