Le devoir de l'utopie
Quel plaisir de relire et de revoir Albert Jacquard, grâce au débat de La salle Blanche de la librairie Kléber (qui en l’occurrence s’est déroulé à l’ENA à Strasbourg). Un débat que j’ai eu l’honneur et le bonheur d’animer devant un public sous le charme d’une intelligence hors du commun. Qui rayonne bien au-delà des limites de l’Hexagone. Son dernier livre, « Mon Utopie » (Stock) est un vrai message d’espérance, de volontarisme…Et une belle bouffée d’oxygène. Jacquard, c’est une séance de Thalassothérapie de l’Esprit. Oh ! que cela fait du bien… « A mon âge, c’est devoir », sourit-il… Surtout en cette époque où (l’on ne s’en pas assez compte) « l’Humanité subit actuellement une bifurcation radicale » et où nous sommes « comme emporté dans un tourbillon qui peut nous conduire au pire », A cause de cet économisme galopant qui nous fait oublier que « tout ce qui n’est pas renouvelable » devrait faire partie du « patrimoine (intouchable) de l’Humanité ». A cause de cet « esprit de compétition » ravageur dès l’école maternelle. A cause de cette irresponsabilité collective et individuelle qui nous fait oublier l’essentiel : « Je ne suis JE que parce que TU est un JE. Je suis qui je croise, qui je rencontre. L’identité et l’altérité sont indissociables ». Non, il ne radote pas Albert :il enfonce des clous qui s’imposent. Et devraient dominer la campagne des Présidentielles si la Politique consistait d’abord à donner tout son sens au mot « valeur » (au singulier et au pluriel). Et toute sa valeur au mot « sens ».
Un personnaliste authentique, cet ancien professeur d’humanistique, cet enseignant qui considérait ses étudiants comme des « collègues en Humanité », ce scientifique qui place la lecture (et l’écriture) au-dessus de tout, ce militant des Droits de l’Homme qui s’illustrent dans des actes et pas seulement dans des proclamations et qui touchent aussi les droits dits « sociaux », ce pourfendeur des modes